allez je commence avec le roman+photos, la video arrivera quand elle arrivera. J'ai l'épaule en vrac donc j'en profite, je fais un peu long mais j'essayerai de mettre des détails pratiques pour ceux qui voudraient faire un trip dans le coin.
le samedi, ptite session tranquille (
http://www.lesfoilz.com/phpBB3/viewtopi ... 9&start=90), puis je prépare le truck. Casual est censé arriver vers 22h30 + 30 min habituelles de retard dues au contournement de l'Irak (daesh) + 30 min immigration.
je mets dans le truck toutes mes affaires que j'ai apporté pour 3 mois + trucs achetés sur place et compte donner à mon successeur (ustensiles cuisine, aménagement maison divers) + matos camping + matos kite + 50l de flotte+ matos 4x4 (sangle, manille remorquage, valve dégonflage, compresseur regonflage pneus)... le tout scientifiquement organisé, ce qui volera en nawak avec l'arrivée de casual et du désert
.
le pickup c'est pas du tout de la bonne kitemobile, tu n'oses rien mettre dans la benne et y a pas de coffre -> tout à l'arrière de la double cabine, banquette repliée.
je profite de tous les aller-retour chambre-truck pour péter un câble et définitivement copieusement m'engueler avec une colloc qui m'aura fait chier pendant ces 3 mois, une dingue psychopathe (et prof de psychologie paraît-il...!
) obsédée par la propreté.
bref, je quitte la colloc sur un pti " заткнись сука" (je vous laisse faire le google trad, fallait bien que je lui montre que durant ces 3 mois je comprenais la plupart de ce qu'elle gueulait en russe).
Casual ayant du retard, la soirée se prolonge, puis je décolle vers 2h30 du mat sans vraiment avoir dormi, et après m'être trompé de terminal arrive à temps pour l'accueillir.
Il hallucine un peu sur les cabines climatisées pour payer le parking et la taille du truck...on réussit à caler son matos (flysplit M, split door, sp4 18, sp4 10) et gaaaaz.
3h30 du mat', Sheikh Zayed road défile, et après le pont sur la creek, c'est pas totalement rassuré que j'ignore le gps qui m'indique de passer au nord par la côte, et taille direct sur El Ain, poste frontière en plein désert.
De manière générale, pour ce trip j'avais trouvé très peu de renseignements, j'ai donc pris le parti d'y aller la bite au vent, avec un plan B (j'avais vu par exemple qu'il existait un hotel sur place, etc). Le plan A a finalement très bien fonctionné.
Très peu d'infos de trouvées sur cette frontière avec Oman, si c'est fermé à cette heure indue on l'a dans le cul (ça rime).
Casual tombe vite dans les bras de Morphé, je suis donc presque seul (avec la ptite kiteuse "Mimi" encore dans la tête), les radars diminuent (tous les 2km proche de Dubaï, tous les 10km ensuite), je hausse le rythme et on se pointe à El Ain vers 4-5h du mat.
Les Omanais sont cool, on doit avoir de bonnes têtes (celle sur mon passeport, ou j'ai la coupe du Che, fait souvent rire), ils nous disent de passer et de faire demi tour...
Bah oui, 2 occidentaux dans une grosse caisse avec plaque Dubaï, ce ne peut être que 2 expats en train de faire un "border run" pour renouveler leur visa des UAE.
Quand on leur explique que non, on continue tout droit et passons une semaine à Oman, vers Masirah pour pour faire du kite, ils hallucinent un peu (peut être que le mime du kite y est pour quelque chose
).
Pour info, ils m'ont demandé la carte grise du truck mais n'ont checké ni mon permis (francais, non international, mais nouveau format carte de crédit suite au récent permis moto), ni l'assurance (qui avait une mention spéciale comme quoi j'étais couvert UAE et Oman) ni le papier à en-tête et tampons (ça ils kiffent) que j'avais préparé indiquant que j'avais le droit de conduire ce véhicule de société. Ils auraient peut être été plus regardants avec une caisse de loc'.
Bref on repart, on roule cool sur quelques km (les frontières sont un poil floues, il y a plein de checkpoints soit inoccupés, soit ou il faut montrer son passeport, soit se faire donner un papier pour la voiture, soit se faire tamponner (j'ai déjà dit qu'ils kiffent les tampons?!) le papier, soit le rendre au checkpoint suivant, donc tu sait jamais trop quand il faut s'arrêter.
Au bout d'un moment ça se dégage, on sort de la partie Omanaise de la ville, c'est de la route à 2x1 voie, toute droite. J'y vais pépère car j'ai lu que la tolérance de +20km/h sur la limite de vitesse ne s'appliquait pas à Oman et que leurs radars étaient calibrés au poil de cul.
Après m'être fait doubler par 1, puis 2, puis quelques voitures, avoir rallumé le gps pour checker l'ETA (estimated time of arrival), fait un rapide calcul de combien le truck consomme à 100, combien il consomme à 150, le prix de l'essence, et comme Casual en écrase sévère, j'écrase moi aussi et accélère à chaque voiture qui me double, jusqu'à ce que l'on se cale vers 140kmh, vitesse à laquelle la distance de visibilité (phares pourris) et la distances de freinage (pneus et transfert de masse pourris) deviennent égales.
Je m'attendais à des montagnes, en fait elles sont au Nord sur notre gauche, donc on se tape les plus grandes lignes droites que j'ai jamais vu (et je suis allé en Australie), 60-80km en moyenne.
"tinquiète on se relayera pour conduire" Casual a 10h de vol dans les pattes, sait que j'aime bien conduire et a sûrement une confiance trop grande.
Le jour se lève, on arrive dans une sorte de défilé entre des montages, des voitures sont arrêtées devant avec un homme en armes, je ralentis doucement en vérifiant que ça se passe bien pour les voitures devant. Je suis surpris car le type en question n'est pas en uniforme mais en tenue de combat, et je m'attendais plus à une vieille kalach qu'à un genre de bullpup (fusil mitrailleur avec culasse dans la crosse et lunette de visée) ultra moderne.
Casual émerge et remarque les blindés et mitrailleuses de 12.7 ou 20mm un peu partout.
Donc on est rassurés, la sécu en Oman est au top
On aura encore 2 checkpoints, en fait à chaque grand carrefour. Au seul où l'on me demandera mon permis, Casual : "-Ah ben heureusement que c'est toi qui conduit"
"-Pourquoi tu as pas amené ton permis?"
-"Bah si mais j'ai pas l'international"
-"Ben moi non plus
"
Après quelques pauses essence/pipi (le truck suce vite ses 130 l de réservoir, et les humains perdus dedans boivent pas mal pour compenser la chaleur) on arrive dans un pti bled pas très loin de l’embarcadère pour le ferry. Jusqu'ici, le passage de frontière et l'essence prise en Oman ont été payées en AED (Dollar des Emirats Arabes Unis)
Le DAB HSBC (sur la route principale) nous lâche des Rials Omanais, et l'on fait la dizaine de km restant pour rejoindre le ferry.
Si vous voulez prendre les NFC (new ferry company, horaires réguliers et ferrys rapides, 20€ au lieu de 10 je crois), il faut d'abord prendre son billet avant la jetée, à gauche.
Les autres ferry partent quand ils sont pleins et personne ne sait trop quand.
Dans les bureaux de la NFC, ils demandent tout : permis de conduite, papiers d'assurance, visas, tampons (ça ils sont comme les Emiratis ils kiffent).
A part ça, les Omanais parlent bien moins Anglais que les Emiratis (baragouinage VS bilingue parfait), mais ont le même sens parfait de l'hospitalité, et je rajouterai qu'ils sont très très amicaux, ça doit être une déformation de leur langue mais ils placent 3-4 fois par phrase "my friend" et tu sens qu'ils le pensent vraiment.
Eux aussi hallucinent quand on leur demande le retour pour dans une semaine, ils ont plus l'habitude de week-ends. D'ailleurs pour info le billet de retour faut le prendre sur l'île, le bureau est en face et un poil à gauche de la jetée du débarcadère.
Dans ce bureau, nous découvrons les voiles Omanais, assez affriolants il faut le dire, et Casual prend un gros coup de chaud
quand un souffle de clim plaque le tchador d'une ptite jeune qui manifestement ne porte que ça.
pterodactyl staïle
On est donc dimanche matin, c'est pas du tout la galère comme indiqué sur certains blogs (je pense qu'il faut éviter l'aller le vendredi, le retour le samedi, et les we de jours fériés en Oman), on embarque dans le ferry, serrage de fesse quand il faut slalomer entre les piliers avec le f-150 pour faire demi tour dans le ferry, mais ça passe "en une brique" comme dirait Marie-Ange Nardi dans pyramide. Sachant que si un f-150 passe, tout passe, vous pouvez donc vous pointer avec du gros 4x4.
au fond le f-150
Le ferry part ponctuel (vers 12h je crois. il y a une fiche horaire précise, 4 par jours toutes les 3h, donc genre 9h,12h,15h,18h, ces horaires sont respectés à la minute près mais pas communiqués sur leur site web. peut être leur faire un mail?) , la traversée est jolie (belle couleur d'eau), le ferry doit marcher vers 10-15nds donc on a l'impression qu'il y a de l'air
je vois un pti point gris qui grossit fort, sans l'entendre -> c'est jamais bon signe (fortes chances de se prendre un chti "bang" dans ce cas)
le truc en question arrive fort, très bas (30m sol maxi) et maintenant même Casual "oeil-de-taupe" le voit.
toujours pas de bruit, et le truc en question a des pylones avec charges externes...
sauter du ferry ou pas sauter?
le bouzin s'avère être un jet BAE hawk de la base de chasse de Masirah, ou des pilotes s'entraînent. Lui et son pote feront 3-4 passages bien bas, mais pas le temps de sortir la gopro-pro.
On arrive donc vers 13h à Hilf, le bled au Nord de Masirah. En fait il doit y avoir quelques milliers d'habitants, au moins 3 stations essence, une dizaine d'épiceries (on en a fait 3-4 et celle dans la rue principale était la meilleure question choix). Je sent que Casual serait plus rassuré avec du charbon de bois, on repars donc avec ça et de la vaseline (tss qu'est-ce que vous allez penser
...Casual en mets pour ses plaies aux jointures avant d'aller dans l'eau salée!).
Pour info, il y a un hotel 4* à l'est de Hilf, et un hotel local (qui avait l'air correcte genre 2*) à la sortie sud de Hilf, sur la droite de la route.
On en prend plein les yeux sur la côte Ouest de l'île, direction le kitecamp d'Alex (
http://www.kiteboarding-oman.com/) afin de se renseigner sur les spots, conditions etc.
le genre de paysage tout autour de l'île
l'île allongée fait 70km x5 enviorn, la route qui fait un 8 (le tour plus une branche reliant les 2 côtes) est très roulante (140 sans sans souci), tu es juste ralenti par la beauté des spots ("arrgggh là ça doit rider ça doit rider" -"tu vois un abri pour faire de l'ombre" "-non, on continue") et quelques dromadaires (mais ça va ils traversent pas devant toi, plus intelligents que vaches ou moutons).
donc en 30 min (additionnées aux 8h de conduite que je me suis fadé) on arrive au kite camp (prendre à droite arrivé à Sur Masirah).
Dès que tu veux rejoindre un spot, il faut quitter la route principale et prendre une des nombreuses pistes. Elles sont très lisses (il pleut jamais), bien dures, à peine tôlées (juste suffisamment pour le prendre comme prétexte pour bourrer à 110 en off-road "sur la tôle faut rouler vite tu comprends" ).
On aurait pu faire tout le trip sans 4x4, cela aurait été un peu moins confortable (genre 200m de marche pour rejoindre les paillotes sous lesquelles on dormait au lieu de se garer contre). en tout cas un SUV 4x4 moyen (sans garde au sol, sans blocage de différentiel etc) fait largement le job je pense.
Un gars est sur place pour préparer le camp qui doit ouvrir la semaine prochaine (on est fin avril, la saison commence en mai, et je ne pensais pas que le con qui appuie sur le bouton du ventilo était aussi ponctuel). on le sent ultra stress, il doit re-peindre à peu près une chaise par jour.
la marée est basse (ça j'y avais pas pensé en préparant le trip), il y a que 50cm-1m grand max de marnage mais le lagon est tellement plat que ça retire sur 300-500m facile.
on mange un bout, fait le tour de la pointe (j'en profite pour me mettre un pti kiff dans du sable mou), on se trouve un des nombreux abris (cabane de bois, palmes, et parfois tuiles en fibre de verre) afin de choper un peu d'ombre (vital).
Casual monte la flysplit
Tiens, la météo, parlons-en. Par rapport au continent (ou les températures peuvent atteindre 50°C) l'océan (25°) et le vent (20-30nds) tempérent, on aura pas eu plus de 35-40. moi j'ai trouvé cela très supportable, mon expérience à Dubaï m'a permis de remarquer que je suis bien plus tolérant que la moyenne.
Casual en a un peu chié, il ne pouvait surtout pas supporter de boire de la flotte chaude (30-35°) ce qui ne me gêne pas. Ca serait à refaire, je crois qu'il insisterait sur une petite glacière (soit élec, soit tu fais 20min de route pour aller chercher de la glace à Hilf).
Et l'on se prendrait une grande bâche installable sur le 4x4 + 2 poteaux pour pouvoir s'arrêter partout et non pas seulement aux endroits où l'on trouve de l'ombre.
Donc Casual monte sa split, moi je suis full pumped up, y a de l'air, je prépare ma 18, Casual "veut tester la 10", je me fout un poil de son sous-toilage (je fais 60kg, il doit en faire 75-80).
3 bords après on échange donc de toile (
).
Je sent que la sp4 10 lotus toute neuve a le potentiel d'une petite bombe même dans 15-20nds. Après 5 bords et trouvé que je l'ai "bien rodée", je pose, passe le mixer du mode "bisounours" à "mortal combat".
Bref, une bonne tite première sesh.
Le soir tombe (vers 18h, tôt et vite, on est proche des tropiques), je commence à faire des erreurs en déhooké et Casual arrive pas trop à caper avec ma 18 (le vent tombe).
On se pose les ailes ( = je pose Casual avec la mienne en l'air, puis il pose la mienne, pour les échanges d'aile on se fait ça en vol à la volée), puis c'est ramassage de bois pendant qu'il y a du jour.
Alors là c'est l'orgie, pas besoin de charbon de bois, il y en a partout dans le sable. D'une manière générale (et contrairement aux UAE), Oman est un dépotoir. Les locaux jettent absolument tout n'importe où, on en a vu ouvrir une bouteille de 2l de mountain dew (genre de 7up), en boire 2 gorgées et la jeter dans le sable par la fenêtre du pickup.
Donc pas mal de plastique partout, et dans les abris beaucoup de matos de pêche abandonné (hameçons, rapalas rouillés qui ne pourront plus servir).
Près des plages qui leur servent à mettre à l'eau des barques en fibre avec hors bord, tu peux voir des tas de sable : en fait c'est le vent qui a soufflé sur la caillasse et accumulé du sable fin sur des filets de pêche abandonnés. Première fois que je vois des types qui ne réparent pas leurs filets mais les laissent au milieu de nulle part.
On aura pas eu trop de contacts avec les locaux (qui parlent peu Anglais), le matin très tôt ils poussent avec leurs pickup (au pare-choc) les barques à l'eau. Ces bateaux ne leur servent pas à pêcher mais à ravitailler (en carbu principalement) des boutres (gros bateaux de pêche) à parfois 100 milles de là. Ils passent donc toute leur journée au planing à taper dans la houle sur un hors bord, rentrent le soir, prennent gavé d'élan pour monter le plus haut possible à la bourrin sur la plage, puis rentrent dormir dans leurs maisons.
Pour en revenir au camping il y a de quoi se faire du feu, le vent durant tout le séjour aura été en dessous des 20nds permettant un camping agréable, on déploie la 2s XL sous l'abri et on tombe direct (10h de vol pour Casual, 10h de conduite pour moi).
Il fait plutôt chaud la nuit, Casual ronfle (moi aussi, et puis il me fait peur avec sa vaseline
) donc je dormirai à la belle étoile presque tous les soirs (avec un sac de couchage donné pour être confortable à 15°).
A propos des étoiles, c'était un hôtel 10 000 étoiles, plus celles qui filent.
Allez, la suite au prochain numéro.