4è jour
Lever avec tortues au petit déjeuner (chouffer les tortues hein pas les bouffer!) puis on enquille le dur labeur, on va kiter sur le même spot que la veille. Même matos, un chouilla plus d’air et encore plus régulier, des vagues biens consistantes. Les palmiers sont coiffés comme Trump, ça sent très bon. On part au large aller voir les brisants au vent avec Giarmo, on fait demi-tour quand dans les creux les tapis de fakir découvrent, on sent qu’ils peuvent bien taillader les combis et le lard. Entre les brisants, quand les vagues arrivent direct du large et passent de 3 000 pieds à 30 pieds, il y a quelques châteaux-forts avec muraille de 3m, ou tu balances le grappin pour te hisser au créneau car c’est ON, pti jump de vierge effarouchée quand le sol se dérobe au sommet, et c’est reparti pour la suivante. Elles ont un période correcte de 8s+ qui permet de bien les gérer, par contre elles se propagent super vite, il faut abattre à 20nds avec kiteloop aile à moitié déventée pour les surfer. On commence à se mettre quelques alarmes, la lumière rouge flash dans ma tête et chez Giramo aussi, qui se tape la tête frénétiquement. Donc grosses abattées sauvages sur les plus grosses - non, elles sont juste un peu enveloppées - et je pars tribord tandis que Giramo pourchasse une tortue, surf frontside une belle ligne de reef, et se retrouve enfermé dans un maxi champ de patates (t’aime ça les patates mon ami? Ref :
https://www.youtube.com/watch?v=07URgCvODVs).
Giramo attérit sur la mauvaise plage (!), il se fait atterrir par un couple, je viens checker et me mettre des vols de pente sur les dunes puis repars slalomer entre les pinacles pour rejoindre la zone de notre plage de départ où ça surf.
Il y a de belles dunes mais en 7m c'est un peu limite
Ptite pause casse-croûte puis je vais m’en remettre une énorme à la montante, je reste contre la plage et là ça surf dans tous les sens. Il y a 2 surfers, les mêmes que ceux en photo en mars dernier. Celui qui ressemble à Kelly Slatter est une machine de guerre, il remonte au peak aussi vite que moi (je remonte en un aller-retour de 200m) et est taillé comme Goldorak croisé SUPerman. Les vagues sont belles, il y a moyen d’enchaîner jusqu’à 10 bottom-roller, en frontside c’est facile de rester pas trop loin de l’épaule. D’après Giramo qui prenait les photos, Kelly-sans-kite enchaînait 5-6 roller quand il en prenait de belles.
Bon bien sûr, je me suis aussi fait mangé tout clu, à se faire pousser aux fesses par du shore break et se faire enfermer sévère.
Abattu pour tenter qu'elle ne pète que sur les talons
Planche bien levée pour pouvoir la garder aux pieds et vite re-faire un waterstart
Et c'est reparti pour s'en remanger une (je me ferai casser les pattes 3 fois sur cette série)
5è jour
Le vent a tourné SE, j’ai mal dormi car on était très proche d’un autre bateau durant toute la nuit, avec le vent qui tournait. On va se caler une courte session, c’est side et ça se surf bâbord sur des gauches, en backside. C’est mou, je regrette ma 9, je dois kitelooper la 7 quand ça drop fort au bottom, et Giarmo ne cap pas trop en 8. Il profite lâchement que je passe dans la lessiveuse, cycle essorage high RPM cotton non délicat, pour arriver pile sur moi. Avec son aile dans la mienne c’est très compliqué de se sortir du backwash-shorebreak, c’est là tout le but de Giarmo, qui me pousse à sortir et à le poser. Marche de la honte pour lui, je rentre en me tirant des bords carrés entre les mines, pose et plie sur la terrasse de l’église.
L'église en question, avec les palmiers bien décoiffés
Petite prière pour ces 3 jours de session dans des conditions au-dessus de nos niveaux et sans aucune casse, et on rentre. On sort d’Hope Town, bout-au-vent en moonwalk (histoire de ne pas beacher) pendant que Giarmo mets la GV avec 1 ris, et grand largue voile en ciseaux direction Matt Lowe’s Cay, que l’on enroule. Un bon bord bâbord amure à 110° du vent à 7.5nds sur du flat, on se la joue kéké à tirer des bords dans le chenal de Marsh Harbor, puis on affale et allons ensouiller la CQR dans la vase. Une fois croché au second essai, courses, on attrape mon pote (en ex-collègue, ex-kite padawan) Vincent, à partir de là on arrivera plus à être au planing dans l’annexe :/ !
On se cale un bout au vent pile dans le chenal (on est rodés avec Giarmo) puis court bord de près et on va mouiller dans l’anse de Matt Lowe’s Cay. Une molle et les très gros caniches de l’île privée nous dissuadent de tenter un triathlon kite / 500m nage libre / 800 m doberman libre dans sable mou, et on va snorkeler. A force de plonger sous chaque échancrure, je repère deux belles langoustes qui prennent le frais sur leur balcon. On se les tentera le lendemain, d’ici là on re-complète nos calories avec du suc’ de cannes, du rhum (8$, on va pas se priver) et une touche de citron.
BBQ épis de maïs - steak à l’américaine ce soir, deux jours de pétole de prévus, ça fera passer les courbatures.
6è jour
Réveil à Matt Lowe’s Cay, à la basse on peut faire le tour du bateau en ayant pied, même les épaules qui sortent, c’est toujours impressionnant (et le skipper a tendance a refaire trois fois son calcul de marées). On s’arme d’une flèche et trident émoussé (fusils sous-marins interdits aux bahamas) et on va retrouver nos deux crustacés, qui ont déménagés sans laisser d’adresse. Tentatives infructueuses sur un genre de raie (une roussette applatie), les dents du trident sont elles aussi aplaties. A force de plonger sous chaque trou, on repère vite d’autres langoustes. La première sera un peu brouillon, type carnage. C’est dingue ce que ça peut tirer et tracer ces bébêtes! On se rode et Vincent en choppe aux gants 3. Un qui surveille le trou de sortie, un qui va par l’entrée et hop dans le seau.
On bouge aux moteurs à 5nds, avec 5nds de vent arrière, soit 0 apparents, et allons mouiller juste devant une des pointes de sable shapées par le courant de Spoil Cay, elle même sous Great Guana Cay.
Salade de riz bien copieuse, puis comme ça c’est levé à 8-10nds, on va remettre Vincent dans le bain du kite (et si on a moyen Giarmo et moi de se caler une session on ne dirait pas non). Il pilote un peu son hydra 9m v6, puis ça tombe. Il est temps de sortir la pulsion 15 avec laquelle il se familiarise vite, il faut dire qu’elle tient en l’air toute seule. Au début dans 6nds, je montre à Giarmo comment elle peut tenir à 5-6m de haut à l’envers sur les arrières, c’est assez bluffant. Comme ça tombe encore on replie, on continue de dépeupler en ramassant des lambis (grosses conches) et on va préparer tout ça.
Autant les noix de cocos sans machette mais à la scie à métaux déjà c’était pas le plus efficace, mais alors la palme reviendra aux lambis! Le premier, on fait le trou au bon endroit au tournevis et à la manivelle de winch, je le chope par le pied et avec l’effet de surprise et un autre tournevis, le sort en à peu près un morceau. Par contre les autres... Savais pas que ça pouvait se rétracter autant ces bestioles! Ça c’est terminé à éclater toutes les spires de la coquille à la manivelle de winch, non mais! Faut pas nous faire chier. Une technique alternative intéressante était de mettre un trait de scie en haut, bloquer le lambi par un astucieux (© Vincent) système de leviers, pendant qu’un deuxième larron y mets des grands coups de bastaings dans la tronche...
Le soir, repas fruit de notre sueur et de nos talents de chasseurs-cueilleurs, punch rhum-jus de coco, agrémenté pulpe de coco, puis Laurent nous fait un ceviche de lambi pas dégueu du tout, enchaîné sur langoustes cuites à l’eau et dorées au four au beurre manié accompagné de leur mayonnaise maison.
Bref, quand y a pas de vent, la faune locale a intérêt à se planquer!
7è jour
On s’est vite couchés après avoir regardé quelques bestiaux passer dans le courant de ces «îles à la dérive» chères à Hemingway, dans une eau translucide et éclairés comme en plein jour par une superbe pleine lune, que le sable réfléchit dans 3m d’eau translucide.
Photo prise de nuit, à peine retouchée
Après le petit déjeuner, on tente de geeker et choper le wifi ouvert de Baker’s Bay, c’est un échec et l’on sort au large, pour rejoindre Green Turtle Cay, qui aura de très bons spots quand ça soufflera. On nav’ avec tout dessus et les deux loulous dans 8nds apparents au près et l’on s’arrête à «No Name Cay». Celle-ci abrite un groupe de «swimming pigs», les touristes payent pour venir nager avec eux. On est mouillés près de la plage donc on regarde le spectacle des mimis cochones américaines qui gloussent poursuivies par les cochons. Eau à 26°, plage de sable blanc, bouffe à volonté et pouvoir courir après des filles en bikini, je sais en quoi je veux être ré-incarné. On descend à terre, petite marche sur du sable puis sur du tapis de fakir composé de milliers de lames de rasoir de corail déchiquetées par les vagues. Diverses techniques : pas japonais à base de palmes, lancé d’algues, ma préférée : corne des pieds de kiteur, et palmes aux pieds pour les derniers dix mètres et se jeter à l’eau. Ça donne l’air un peu con mais c’est le plus efficace. On se jette à l’eau, on crache dans les masques et c’est parti, 100m au large il y a de belles patates avec pas mal de vie.
On rate deux langoustes qui sont dans des trous vraiment profonds, puis on s’en fait une, une grosse. Revenu à terre, je suis un peu comme un con à ne pas savoir qu’en foutre, ça se terminera plantée au bout de la flèche. Remise à l’eau et l’on décide d’arrêter les patates profondes, qui ont des trous trop grands, et de rester dans 2m d’eau. Petite pause sur une plage et sur le trajet du retour c’est le jackpot, assez vite on ne sait plus quoi en foutre. Je vois Giarmo qui en tient 3 et une gopro dans deux mains, moi qui trimballe l’autre au bout de sa flèche... On pose dans le sceau, on refait une petite passe de search & destroy sur les trous qu’on a repérés, ça se terminera avec 6 langoustes, pour 3 et avec une seule paire de gants c’est honnête. La répartition des rôles le plus souvent c’est moi qui plonge partout sous tous les trous possibles et repère, Vincent qui chope à la main sans avoir peur de déranger un autre truc dans le trou, je suis en général en plongée pour la choper si elle sort par le trou arrière, et Giarmo film et en repère d’autres... Bien rodés. Ce soir BBQ, c’est plus un kite trip, c’est un langouste trip, demain inch’allah devrait se lever un doux zephyr de 10nds qui permettra de dégourdir les 21, 18, 15m.
La full moon vient d’apparaître derrière les filao, elle est hé-norme.