Deuxième journée à Obidos. Après la nav' de la veille, Aile-Iz est un peu rincée et n'y va pas à froid. Quand on nav' ensemble, je toile normalement histoire de pouvoir facilement aller l'aider au cas où, mais là comme elle a direct pris l'option "lecture de thèse", je fais péter la K15, histoire de bien, bien toiler. Et de vérifier à nouveau si les downloop un peu puissants que je me prenais systématiquement en fin de figure à une main, étaient dus à la 12, ou à moi.
Au final, je suis pas si toilé que ça, par contre il y a du clapot et des bonnes variations de vent. Et du déchet : c'est bel et bien dû à moi

!
Et c'est blindé de monde aussi. Donc je profite de pouvoir caper solo, pour aller explorer un peu ailleurs, voir si l'eau y est plus flat.
J'arrive quelques centaines de mètres upwind, sous un joli trait de banc de sable, qui forme du beau flat. Y a bon flat :p !
En plus, le vent y est propre... Et il n'y a pas un chat, ni de kiter. Je m'y cale quelques sauts, puis retour retrouver Aile-Iz, et sandwich en regardant les écoles tomahawker des 14 dans 20 nds.
On bouge ensuite le van et l'on part direct du banc de sable que j'avais été repérer upwind.
Essai en 12 pour Aile-Iz. Quelques bonnes variations de vent, un manque de confiance dû au manque de repères terrestres (localement side-off, avec premier bord qui écarte), donc pas de prise de vitesse, donc elle subit les variations de vent, et ça le fait pas. Je la pose, et entre-temps, je me suis fait alpagué par un kiter qui est venu depuis 2-300 mètres sous le vent, me poser une question bizarre sur comment pouvoir trimer plus la Gaastra avec laquelle il enseigne à sa compagne. En effet, j'observais régulièrement l'aile partir en gros surbordage, et se replier en marche arrière. Bon, déjà, les Gaastra, j'en ai un cliché d'ailes construites comme des planches à voile, ou en tout cas, aussi lourdes. Arrivé à l'aile, je me rends compte qu'à part une inversion avant/ arrière qu'on défait vite (ce que j'aime pas les Y haut

!), elle semble nickel. Je la prends et en effet, bien réglée. P*tain par contre, qu'est-ce que c'est lourd !! Lourd en barre, lourd en virage, lourd en inertie, lourd en l'air. Avec du vent constant, elle tient au zénith même bordée à fond, par contre à la première fluctuation, bah trimé comme détrimé, si tu la fais pas respirer, elle part effectivement en marche arrière. J'en déduis que le problème se situe une fois de plus entre le harnais et la barre, surtout que le mec ne sait pas non plus piloter... Des types qui essayent d'apprendre à leurs compagnes dans des conditions pourries, j'en ai vu ("tiens, y a plus assez de vent pour que ça marche, aller viens chérie, tu vas pouvoir apprendre"

), par contre des types qui font apprendre tout en débutant eux-mêmes, je connaissais pas

! Pour m'assurer qu'ils ont une chance, je prends leur matos, et je découvre que même la board va pas : je dois avoir un stance d'1m20 et faire le grand écart, je me mets à la place de la nana qui fait deux têtes de moins que moi.... Aile super lourde qui tire très à l'intérieur de la fenêtre, choque mal et n'a pas de puissance, board ultra bananée qui pousse de l'eau, pas de fond et vent bien irrégulier, je me dis que je vais bien être ridicule et que ça va les rassurer et les faire marrer. Surtout que quand j'ai testé en K12 + kooka, ça marchait pas super fort (Aile-Iz a donc direct tentée en door). Et là, à ma grande surprise, après deux petits bords, je suis remonté d'une centaine de mètres... Je repars à la fois bien renforcé dans certains de mes préjugés, et troublé.
Aile-Iz a jetée l'éponge et je reprends la K12... Quelques bords pour me prendre une marge upwind et remonter le long du banc de sable qui est side-off, et je pige vite pourquoi ça le fait pas pour elle : avec la marée qui a baissée et découvert le sable qui chauffe, et le soleil qui est monté, ça développe de belles bulles de thermique qui perturbent le vent. Quand j'avais été repérer le matin, le soleil était moins fort, et à marée haute, le sable était recouvert d'eau fraîche.
Le bon côté des choses, c'est que ça fait des ascendances

. J'arrive à en choper quelques-unes, plus sur chance qu'autre chose.
Un saut qui permet d'envoyer un double kiteloop hélico

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Puis quelques sauts plus tard, un autre, qui monte fort. Envoi en loop hélico, le double passe, ressource fort, alléééé... Et celui-là, il se termine en quadruple

.
Je commence à repérer la zone où ça déclenche, et aussi, les signes annonciateurs de la Kestrel. Un peu comme la sonic3 (mais en moins marqué ?), on sent son oreille supérieure qui a envie de monter, la barre qui est un peu asymétrique. Je prends le coup et j'apprends à la laisser partir, en l'envoyant un peu, tout en gardant bien de la vitesse, et à border au bon moment.
Je patrouille la zone repérée, essaye d'être 30 mètres au vent d'une bouée qui fait un bon repère au moment des rafales, et en étant à l'écoute de l'aile, je réussis à me caler quelques doubles

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Comme le vent se stabilise tout de même, je propose à Aile-Iz de zaper le départ depuis les hauts fonds (avec à franchir dès le début, les algues et un couloir de mou), et on traverse en nage tractée, histoire qu'elle puisse partir direct du banc de sable.
Un prof et son élève en perfectionnement nous ont rejoints, deux ozone alpha. Derniers bords avant qu'Aile-Iz accepte de re-tenter, et je reviens patrouiller dans la zone où j'ai repéré les meilleurs ascendances. Sur le chemin, la Kestrel m'en indique une belle, "ah bah c'est pas le moment, d'habitude je les prends quand je reviens tribord amure, au plus proche de la rive, là je suis dans le clapot, bâbord amure

". Bon, elle a l'air belle quand même, j'ai de la vitesse, aller "go for it".
Ça monte pas si fort que ça, une douzaine de mètres, l'aile bien en arrière à ma droite, aller y a de quoi claquer au moins un double héliloop, et puis renvoyer vers l'avant (vers la gauche), ça va me permettre d'éviter la nana en ozone, que j'ai pas du tout regardé avant d'envoyer, et qui me suit de plus près que je ne pensais.
Le premier passe en étant bien vertical, et en ressourçant bien fort.
Au deuxième, je suis à une quinzaine de mètres de haut, au niveau de l'aile de la nana... Ah, dommage, j'aurais bien aimé passer au-dessus

, mais bon, il est déjà pas mal... Je vois qu'Aile-Iz regarde et ça fait plaisir

.
(photo d'un autre jour)
Le 3ème héliloop se fait en montant sur place, du coup je gêne définitivement la kiteuse qui suivait, et elle s'est arrêtée.
Les autres passent comme des fleurs, j'arrête un peu de compter, et ça monte doucement.
Arrivé à une bonne vingtaine de mètres, je me dis que c'est le moment de lancer les couplets habituels :
"I believe I can fly
I believe I can touch the sky
I think about it every night and day
Spread my wings and fly away"
Ça me prend 3-4 héliloop pour ça, et zut, je connais pas la suite. Je suis stabilisé à 20-25 mètres et j'ai bien chopé la bulle, je suis franchement pas inquiet, je commence juste à surveiller les tours dans la barre, je dois en être à 7-8.
"Aller, t'as de la hauteur, tu vas pouvoir te faire une petite inversion de sens de KL hélico en l'air... La dernière fois, ça s'était bien passé (sonic 3 9, avec 5 dans un sens, 2 dans l'autre)... Et ça avait même été assez marrant...".
Je laisse un loop de plus boucler pour repérer le timing.
J'en loupe un autre.
Aller, celui-là c'est le bon.. ah non, on va attendre le prochain...
Au suivant, malgré la dix-douzaine de tours dans les lignes, la K12 réagit direct, tire une ligne droite vers la droite depuis le zénith, puis downloop à droite, avec un pendule plutôt petit (m'étais préparé à plus), et une ressource modérée.
A partir de là, ça déroule, et je défais mes tours, loop après loop. Je profite du paysage, et de la vue au-dessus des bancs d'algues. Je suis assez confiant vis-à-vis du terrain que je crame : pas de kites sous mon vent, et il reste quelques centaines de mètres avant la rive. Je sais aussi d'exprérience de vol de pente l'hiver dernier, que si je la remets en ligne droite en la choquant, la Kestrel permet de perdre de l'altitude très facilement. Les lignes se dévrillent et je me retrouve au croisement (0 tours) alors que j'ai encore une grosse dizaine de mètres à profiter. Depuis le début, je suis plus dans le kiff que dans la gestion d'incident. Contrairement aux deux précédentes fois où j'étais monté taquet de haut : une fois à beauduc en so² 15, et une fois en montagne en so3 15, et où j'avais pas du tout apprécié.
Faut dire que cette bulle, elle est puissante et efficace, mais plutôt dans le genre "force tranquille". Et que la 12 est douce et boucle facilement.
7 loops après le croisement de lignes (donc 15-17 d'affilée vers la gauche, après 10-12 vers la droite), elle me repose, 5-700 mètres plus loin, et un hang time dont je me rends pas compte.
Je me rebouffe l'upwind - en plus de bords que ma limite de vexation - et retrouve Aile-Iz ("té, elle marche bien, ta 12!!"). Ça a douché sa volonté de re-tester le vent, j'ai pas trop d'arguments, et je re-essaye en vain de choper d'autres ascendances : ça semble fini pour la journée.
C'est donc le temps des caïpi

. Et du texto de remerciement à Alex pour le design de l'aile

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