Ça a reposé
. Bon, il n'y avait plus rien, donc manteau neigeux de début de saison, sans sous-couche.
Les potes sont en vacances, blessés(
) ou n'y croient pas, donc tout seul avec fairlady et un paquet de chwax sur verglas et neige mêlée
. "J'aime ces moments-là". Je fais pas trop le con tout de même, les derniers kilomètres, entre 2000 et 2400 par température négative, se font sagement derrière le chasse-neige (mais à dandiner du popotin
). Rien de tel en montagne, qu'une grosse prop' bien large, en pneus été, ESP déconnecté, avec du couple à tous les étages... et une route large !
Arrivé sur place, c'est pas folichon, mais il n'est "que" 10h30 (sacré contraste avec les po'd'fuckers, qui se lèvent à 5h), et ça a prévu de se découvrir vers 10-11h, donc...
Après discussion avec le musher du coin, je prends le snow cailloux, et c'est parti. Le premier verrou passe tout seul en 3 bords, et premier plateau plein de poudre :
Je trace un moment la zone en K15, accompagné des deux mushers et leurs équipages de husky, des groupes de motoneige aussi (me demande lesquels sont les plus bruyant ! En rapport décibel / puissance, les chiens perdent), puis me vient l'envie d'aller vers le second plateau. Pour ce, deux options :
-soit passer par le cirque en bas, mais ça risque d'être très light, et la sortie en est très pentue
-soit passer par le haut. Crête gelée souvent (toujours ?) blastée par le vent à 2600 m, avec le relais émetteur et la maison à son pied, entourée de barbelé; soit sous le vent et risque de finir dessus, soit au vent et qui perturbe encore plus.
Je décide de prendre l'option haute car "ça grimpe bien là", et la Kestrel 15 m'y amène d'une traite. Pas loin du sommet, je prends le blast classique
... Ça fait au moins 3 fois que je me fais surprendre en grande bâche dans le coin, dont une fois qui m'avait coûté plusieurs panneaux de speed 4 18 lotus. Je crois que je vais rebatiser ce passage "chuck norris pass", vraiment l'impression à chaque fois qu'un bourrin met un grand coup de latte dans une porte et gros courant d'air.
La K15 n'est pas le problème, elle dégaze bien, mais y a pu que de la caillasse, c'est un coup à se faire mal... Et je redoute que ça soit encore plus fort au niveau du relais. Donc je pose, et me retrouve gros-jean comme devant, avec mes 15m² en plein travers de 20-25 nds... Y a un poteau 3 mètres à sa droite qui me tend les bras, aller je me décale de 3 mètres pour la faire se mettre en portefeuille dessus. La voile se décale de 10 mètres à droite
, aller je me redécale à gauche... Et finit par l'y placer. Première fois que j'utilise cette technique, très utile (mais je vais pas mem trimballer avec un poteau sur moi pour autant
).
C'est pentu. En contrebas, le premier plateau.
Les 30 derniers mètres de déniv' se font en marche de la honte, puis descente côté opposé, histoire d'aller braquer la cave à poudre. Au sarrat des chèvres vers le col d'ascou, c'est le grenier à poudre, ici à envalira, cette combe en contre-bas, c'est la cave à poudre
.
La combe sur la gauche.
Bon, qui dit accumulation de poudre alors que ça fait 2 jours que ça pose par tempête de NW, et que c'est toujours NW, dit qu'évidemment, ça sera déventé, mais la K8 s'en sort très très bien. Je me mets des beaux runs dans 20 à 40 cm de belle poudre, avec 3-20 nds, que l'aile lisse et permet d'exploiter en toute sérénité.
L'épaule d'où est prise la photo précédente.
Les éclaircies se font de plus en plus fréquentes, mais le NW ne permet pas de continuer la balade plus vers le Nord, trop de verrous, et la contre-pente, c'est pas mon truc. Et puis, la petite marche à 2600 m a prélevé son tribut sur le physique, ainsi que les appuis en force dans une neige sans sous-couche parfois bien compliquée.
Pour rentrer, je choisis de tenter l'option du bas. Ça fera jamais que la 3ème erreur de la journée... Je me jette dans le trou par l'endroit le moins pentu (mais tout de même 'culé de pentu !), et y fais mourir la K8.
Phooooque !
Je replie, termine la descente de la zone raide, sent du vent, déplie... C'est ultra ON/OFF, 0/25, c'est limite dangereux... Voir totalement dangereux. Et surtout, le terrain est in-ridable, avec ou sans aile. J'ai fait un salto avant de toute beauôôôté à la descente ailes dans le sac, et là même avec l'aile, ça plante et bloque à chaque motte.
Je replie la voile, range mon égo, et c'est parti pour se re-fader ça à pieds. Nooombreuses pauses, au moins la vue est belle.
Faut que je grimpe 50 D+ à 40° pour sortir du cirque, puis aille jusqu'au relais visible à gauche sur la photo précédente. Je me choisis un itinéraire sans neige ni risque d'éboulis / avalanche, et fais des pauses... tous les 5 mètres de dénivelé. K15 + K8 + 2 barres +snow évalués à 12-15 kilos, j'en chie, j'en chie grave. Mon physique de lémurien est à la peine, 'tain c'est la deuxième fois de la session que je crapahute, ça m'arrive jamais
!
Je sors du cirque et petite vue sur le début de mes traces dans la combe plus bas, à gauche du 2ème relais :
En direction du premier relais sur le pic Maïa, la neige vole, et surtout, tourbillonne. J'ai perdu 10 points de lucidité, je suis cramé et j'ai pas envie de me faire rotoriser la face dans 30 nds là-haut, donc je laisse l'égo plié dans le sac, et marche de la honte
.... ça me fera la *ite... en tous cas, le cardio !
Je repère le couple de gypaète 400 mètres plus bas, qu'ils avalent en moins d'une minute, faisant des 8 centrés sur la zone de plus forte pente et ascendance. J'attends qu'ils fassent un long bord sur la crête et passent à ma verticale pour prendre la photo (mon tél ne peut prendre une photo que dans les premières secondes de sa sortie, ou alors le problème, c'est mes doigts), mais à peine au sommet + 20 mètres, ils dégagent vent de cul pleine balle, doivent être pressés (et savoir que ça dégueule pas juste derrière !). Sacrés bestiaux.
Je termine ma montée, plutôt facile après le raide de la sortie du cirque, et rebascule sur le premier plateau.
Au fond, le pic Maïa. Les orangés de choleil coulant ne rendent pas sur cette photo 
.
J'y re-sors la K8 (lucidité --), puis la K15 car il y a plus grand-chose, et pas envie de me refader encore un bout à pieds. En 15, tout redevient plus facile. Pas de sous-couche + snowboard = faut vraiment une aile avec force tranquille. Du coup, je me prends au jeu de faire une palanchiée de "dernière godille"
.
