Je me suis offert un petit cadeau de Noël
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Départ solo, sûrement la dernière de l'année, peut-être même la dernière de la saison, au train où ça fond... Au moins, les routes vont être nickel pour fairlady. Montée pas plus vite qu'à bloc, j'exploite fairlady sur le couple, en mode "grosse GT", limité seulement par la surveillance de la T° d'huile... Faut que je monte un radiateur d'huile un jour.
Direction Envalira, avec le col à 2400m et des zones entre 1800 et 2600, c'est le seul spot qui ait survécu. Et en plus, c'est SW (comme tous les jours précédents).
Arrivé dans le col, c'est grosse cartouche, ça blast sévère. Je prends même pas d'autre aile : j'y vas avec la boost² 5.
C'est agréable de gréer pépère sans brides dans tous les sens, d'avoir une aile qui se plaque au sol facile... Puis une fois en l'air, la boost est vraiment étonnante. Power on-demand... Le depower n'est pas fantastique, mais le fond de puissance, et la capacité à sortir du gros jus dans les loop ou grandes sinusoïdes, est géniale en snowboard. Le genre de session où je suis peu retombé en arrière sur les fesses, ce qui en dit long sur la capacité de la boost à très vite générer un coup de puissance supplémentaire.
La neige est gelée (sauf, étonnamment, dans les pentes exposées Nord, où elle a dû peu transformer), je descends dans le premier cirque, il y a 20-30 nds partout et la boost est à l'aise... Elle permet de tracer de manière indécente. Je suis jamais allé aussi vite en snowkite... Et à la montée, elle sort des loop qui font passer en mode "warp-speed". Ça remonte vraiment fort, plus qu'en motoneige
. Petite vengeance, une motoneige étant passée sur mes lignes pendant que je gréais... Heureusement, il s'est arrêté avant que les lignes commencent à être entraînées dans la partie supérieure.
Tellement facile de remonter partout, y compris dans du pentu, que je sors du premier cirque, et vais voir le second.
à droite le premier cirque, devant le second, à gauche le 3ème, et au fond, on voit les crêtes du 4ème
Je m'amuse dans l'espèce de half-pipe, une combe assez étroite, qui encore une fois, a pas trop mal conservée la neige.
Les sapinous jouent aussi, thème "attrapez l'oreille de la boost", et ils décrochent le pompon à deux reprises. La première, c'était un downwind un peu top confiant, l'aile a pris une dévente à une changement de combe (passage d'une config de vent, à une autre en basculant la crête), et l'aile a tapé une belle dévente, et posé sur un sapinou.
Ce coup-là, rien à dire, et je m'en suis sorti vite.
La seconde... ahem...
Bon, déjà, j'avais un peu oublié qu'un boudin, ça a plutôt tendance à descendre quand c'est au bord de fenêtre, même si sur ce point, la boost est correcte. Bref, je suis complètement immergé dans ma descente, aile en bord de fenêtre, je contourne deux sapins plus gros que les autres... Et je sens qu'un m'a chopé un arrière.
Impossible de redécoller, donc je déchausse, vais déconnecter l'aile, puis je reviens à la barre pour récupérer tout ça, et revenir vers l'aile, histoire d'aller redécoller plus loin. J'accroche ma fix de snow à mon leash, j'entends le snow que je commence à tirer, puis *plus de traction dans le leash* et *j'entends toujours le snow qui bouge*, je me retourne...
Et je vois mon snow qui se barre avec mon leash
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<insérer ici la musique de Benny Hill>...
J'ai pas mal l'expérience de voir mon aile qui se barre avec mon leash... Et déjà, je me sens con... Mais alors là... C'est un autre niveau. Je tente 10 pas, mais dans 30 cm de poudre croûtée, faut que je me fasse une raison, et que je choisisse vite, entre l'aile et le snow.
Je choisis l'aile (in fine, bon choix) et regarde mon snow dévaler tout le goulet (bien pentu... bien étroit... et re-pentu derrière) , que je sais bien merdique question vent (j'ai fait demi-tour plusieurs fois à peu près au point où je me tiens, car après, le vent chiait dans la colle). Ce couillon se tape 100 mètres de dénivelé sans ralentir, disparaît, réapparaît, puis je le perds des yeux, le couloir fait un virage
.
Bon, bah, ça va être l'occasion de découvrir.
Je re-grée l'aile, et décide de descendre à pieds, aile en l'air. L'aérologie s'avère être en effet un enfer... Je dois poser plusieurs fois la boost, difficile de lui trouver une zone sans rocher, sapinou... Faut en plus se faire un routage par les zones les moins profondes, ce qui correspond pas forcément aux zones les plus ventées. 100 mètres de déniv' plus bas, je repère mon snow, dans un creux de ruisseau, après le virage du goulet.
La dernière fois que j'ai fait de la marde comme ça, à avoir mon snow qui dévale, je l'avais cherché deux heures, donc là, je considère que je progresse
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Pendant toute la descente, je me suis demandé comment j'allais remonter... La boost délivre une sacré patate, dès qu'elle chope le vent dans le bon sens. Après le virage du goulet, il y a un petit compromis à trouver entre "loop aile basse : ça tire dans l'axe, mais l'aile peut déventer d'un coup", et "loop aile haute : l'aile gade du vent tout le temps, mais tu te fais arracher vertical". Je choisis plutôt la seconde option, mais je baisse quelques loop... Donc un qui passe au ras d'un rocher. J'entends bien quelque chose, mais l'aile ressource sans rien de visible, je poursuis.
Une fois remonté (ouf !), je file le tain d'un groupe de motoneige, direction le 3ème puis 4ème cirque.
La pente de sortie est dans le fond, à droite.
C'est bien alimenté en vent de partout (doit y avoir 20-30 nds), je passe comme une fleur dans le trou dans lequel je suis resté tanké la dernière fois (en 15), j'ai une brève pensée pour le fait que je n'ai pas de seconde aile dans le dos (si ça faiblit, j'ai pas de grosse, et si je casse, j'ai pas de rechange), et ça monte tellement bien de partout, que je me sors du 3ème cirque.
Je monte en moins de 30 secondes la combe où la dernière fois j'ai galéré, à devoir monter à pieds aidé par l'aile. Le vent est dans l'axe, et chaque loop de la 5 me monte de 15-20 mètres, c'est grisant. La puissance de ce machin
. En plus, elle est plutôt dosable, et elle met en confiance.
Débouché dans le 4ème cirque, doit y avoir 40 nds sur la crête, tu m'étonnes que je sois monté comme un pet sur une toile cirée !
'tain c'qu'il est blême, mon HLM...
Je me serais bien senti de poursuivre, mais par les crêtes, ça semble impraticable : il n'y a plus de neige. Et je connais pas l'intinéraire par le bas. Vu que c'est bien alimenté même en perdant de l'altitude, je cherche un peu, mais je trouve pas. Ça a l'air pentu, barres rocheuses... Et je suis tout de même tout seul, à 10 bornes facile du parking, donc... Retour.
La traversée des grosses pentes du 4ème cirque est ultra chaude. J'ai vu le moment où j'arrivais plus à me relever - tellement c'est pentu - et où j'allais remonter en me faisant traîner sur le ventre... Ce que j'ai commencé à faire, puis sur un loop plus violent qu'un autre, j'ai réussi à me relever. Pfiou... Truc à la hon. Suis pas hyper fan des traversées avec vent mal orienté, et pente trop raide.
Je repasse la crête, le vent y hurle toujours dans la 5, descente dans de la soupe à 30° (donc : tout droit, histoire que si ça parte, ça ne te rattrape pas), puis traversée du trou habituellement déventé. Jamais passé aussi facilement ce coin...
La boost se pilote du bout des doigts, et 'un appui de la paume, elle te tire franchement. Un petit coup de poignet, et elle loop sur elle-même. Une pression d'une main, et elle loop large, te téléportant rondement, 20 mètres plus haut. Et les loop s'enchaînent sans à-coups, sans temps mort de raccord.
Dans de la neige tassée, et avec 20-30 nds, cette aile, c'est la "catapulte tranquille".
Et quand le vent baisse, elle reste surprenante de patate, y compris en bord de fenêtre, en simple sinusoïdes.
Pause midi à 14h, la neige n'en a plus pour longtemps
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Et à la pause midi, j'ai vu qu'au loop trop proche du rocher dans le goulet, j'ai fait un début de déchirure sur le spi d'une oreille, et une bride dégaînée. Donc on va y aller tranquille... Fin de la journée à jouer dans les combes au-dessus du goulet où j'ai poursuivi mon snow, puis je rebascule dans le premier cirque, ou un kiter vient d'arriver (skis et peak bleue genre 4 ou 5 m²).
Je me tank une dernière fois dans un trou ou le vent vient des 360° à la fois, extraction, re-traversée dans du pentu à la hon, et retour sur le premier plateau. Une vingtaine de dernières descentes dans soit de la poudre croûtée, soit de la neige re-tansformée, soit de la neige encore gelée, avec remontées à mach balle, puis je me rentre. C'était une belle session dans l'ensemble, surtout surpris par la possibilité de rider vraiment vite, y compris à la montée. C'est très grisant
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