Alors quand j'ai vu en arrivant à Canet les flammes Ozone matérialisant un test, et une vortex 8 posée.. Miam. Un grand merci à Chinook qui organisait le test. Il me demande même pas mon nom, me dit d'aller me mettre en combar (mais qu'il y a pas assez de vent), et ça y est, elle est pour moi !
Bon, faut dire que ça se bouscule pas au portillon, il y a pas une aile en l'air, et ça a baissé vers 8-9 nds. Je convainc le vendeur que si, ça va marcher (il connaît pas mon optimisme !
) et que je sais faire voler des ailes dans pétole, et ça y est, elle part étonnamment bien en bord de fenêtre, en acceptant de monter. Aile très légère. En vol, et en barre.
Elle accepte de monter aussi bien qu'elle descend, je retrouve certains côté des concept'air (pulsion et wave), que j'avais jamais vu sur une aile à boudins.
Je me familiarise avec sur la plage, elle tient bien en l'air, je reproche juste a la barre d'avoir des arrières 2-3 cm trop longs, du coup impossible de la freiner, ou de la faire reculer pour l'écarter du bord de fenêtre. Je comprends qu'ils fassent ça pour les tests (sinon plein de gens trouveraient qu'elle surborde, en confondant réglage de barre et comportement d'aile), mais c'est dommage.
En prenant les flotteurs, je peux tout de même la placer où je veux dans le ciel, et la tenir à l'envers comme un cerf-volant revo : bord d'attaque vers le bas, statique. Et même, la faire remonter. Ce que j'avais jamais fait avec un boudin, et qui n'est pas toujours facile avec un caisson.
Bref, ça tient bien en l'air, c'est hyper léger en barre et en vol (je me répète, mais ça la caractérise vraiment), le seul bémol : le fait que l'oreille exter au loop fasseye, même bordé à fond, même avec un loop le plus large possible. Je mets ça sur le compte du vent très faible et du réglage de barre, et vu que ça tient quand même au zénith, je vais à l'eau.
Vu que ça tire très peu, c'est difficile de dire si elle tient fermement en l'air, mais la suite me montrera que oui, je devais être assez loin de la marge. Bon, faut pas la baisser en bord de fenêtre, mais si jamais, elle est facilement rattrapable par un downloop qui peut être bien court.
Une fois que j'ai plus trop pied sur les bancs de sable, je passe à la phase critique de nage tractée avec le foil, je redoute un peu car l'aile tire peu et m'envoie peu de retours, mais je m'écarte (on-side-on), dans ce 8-9 nds.
J'ai dû aller à l'eau vers 12h30, et en sortir vers... 13h30
!
Une fois que j'ai plus pieds, j'y crois pas trop mais je tente un waterstart, premier loop ça le fait pas, bon je me dis que je vais vite dériver sur le banc de sable, aller doit me rester 3 loops avant ça, je les enquille, ça part en vol
. L'aile est sympa à bouger, et là encore, ce qui frappe, c'est sa capacité à remonter aussi bien qu'à descendre. Un coup de poignet (avec le poignet assez écarté du centre, car petite barre à mon goût), et elle remonte, sans hésiter, sans avoir besoin de respirer. Je fais 7-9 bords (vous remarquerez le nombre impair
!), en la sinusoidant souvent, un plaisir de la travailler, et franchement même si je gratte 20 mètres par bord de 200 mètres, bah dans ces conditions, le cap est bon. Les jibes passent, session "cheveux sec - aile sèche"
, elle est sympa en downloop, et il est facile de retrouver le jus en sortie de jibe. Je peux aller vers elle sans qu'elle dévente ni que j'ai à la surveiller, top. Bon, au bout d'un moment, le ventilo coupe, je ressors du jibe en l'air mais sans jus, et la board redescend doucement sur l'eau. Je sais pas pomper, j'ai pas le foil pour non plus (foil de vagues très faible aspect ratio, qui traîne beaucoup), et de toute manière, je me rassure sur mon inaptitude à pomper, en me disant que je vais pas m'abaisser à ce truc de wingueux
. Mais bon, là, sur le coup, ça m'aurait servi. L'aile compense et me sort de la situation : elle reste en l'air, en la bougeant beaucoup : deux donwloops en bord de fenêtre direction la plage, deux loops dans l'autre sens pour dévriller mais toujours sur le bord de fenêtre qui rentre, avec le foil qui cape sous le bras, and repeat.
Bref, ça vole et ça rentre aile sèche dans 4-6 nds de vent, je pose et je vais chercher la Kestrel 15. Qui mitige mes impressions de super tenue en l'air de la vortex : la K15 donne l'impression d'être plus fermement accrochée au ciel, faut dire qu'elle tire plus fort.
Je passe vite fait sur le moment où je prends 15-20 nds avec la K15, puis me mange la zone de convergence, la pose dans l'eau en attendant, redécolle, fais quelques bords dans 15 nds à nouveau, me dis que 2 bords de plus pour la sécher, et dois la re-poser dans la zone de convergence...
Bref, je redécolle la K15, la refait sécher pour de bon dans 15-20 voir, et la pose, ma côte apprécie moyennement le traitement.
Toujours personne sur la Vortex 8, donc c'est l'occasion, cette fois dans une vingtaine de nœuds.
Toujours en foil, donc c'est la plage moyenne + cette fois, après la plage ultra basse. 20 nds en 8m pour du foil de vagues et 60 kg, y en a pas mal qui caractériseraient ça de plage haute même, mais je suis tout de même pas mal bordé à la remontée (j'aime bien cranter fort et lent) et je la sens pas du tout à la descente dans les vagues.
Gros drift à la descente justement, toujours aussi légère en barre. Faut apprendre à faire confiance au fait qu'elle soit toujours en vol, car la sensation est subtile, et faut je pense être un pilote bien dégrossi dans cette phase (mais bon, en foil en surf sur une vague, y a rarement des débutants !). L'aile drift sans avoir à s'en occuper donc (bon, un peu après, dans le même vent et mêmes vagues, ma boost² 5 driftait très bien aussi), et surtout, jamais tu sens l'aile qui commence à engager d'un côté où de l'autre. Genre tu pars à droite sur un bottom, et tu sens l'aile qui a dû un peu décrocher et engager sur la gauche, et faut un peu de tension dans les lignes et de conviction dans l'arrière pour la ramener. Ça me le fait par exemple avec la boost² (qui n'est pas une aile de vagues, mais plutôt une 5 lattes de big air !).
Bah là, la Vortex ne le fait pas du tout, il est toujours facile de la faire bouger, même avec très très peu de tension dans les lignes. Avec le fait qu'elle accepte toujours de remonter, c'est je crois ce qui la démarque : la maniabilité lignes très peu tendues.
C'est pas le cœur de son programme, mais je trouve que ça doit être une aile de vagues géniale.
À l'upwind, on sent qu'il y a du lift (désolé, avec ma côte, j'ai pas fait de sauts, mais ça me démangeait d'aller chercher un TT), et le cap est bon. Ça choque bien aussi, sur très court, mais...
... ça flape aussi, sur très court. Deux gros creux qui viennent se former derrière le bord d'attaque, de part et d'autre de la latte centrale. L'aile flappe très très peu en barre, n'osclle pas et reste stable en direction, et elle ralentit pas trop. Pas rédhibitoire, mais voilà perso, j'aime vraiment les ailes qui font bloc, en tout cas qui ne flappent pas. Entre les caissons, et la hyper 7 et la boost² 5 (deux boudins 5 lattes qui fasseyent jamais - peut-être pas assez même
! Des blocs assez bruts), je suis sûrement mal habitué, mais voilà, j'y accorde de l'importance. Dans les points positifs, je suis pas trop rentré dans l'aile, mais j'ai quand même croisé des vagues avec des touchettes, pris des boîtes, et l'aile ne poulpe pas du tout. Ça, c'est un gros plus par rapport à la edge 7 (2013 ?2014 ?) que je connais, et aux autres que j'ai testé. Et par rapport à la edge v10 en 10 que je connais, c'est incomparable de légéreté (en vol et en barre), mais bon, c'est pas la même taille non plus.
Sinon, dans les autres points, l'aile ne pique pas du nez au choqué, même en bord de fenêtre à pieds sur la plage, ça c'est sympa, ça change des boudins classiques.
Conclusion très personnelle : c'est une excellent aile, que je recommanderai sûrement (à ceux qui ont le budget). J'ai pas testé la evo d-lab, mais je préfère nettement à la evo sls. Et pour mon type de ride (sauts, grands loops, et un peu de surf), c'est sûrement bien plus adapté que la edge (je préfère une aile qui fasseye un peu quand tu es faible à trop choquer, à un aile qui poulpe quand tu y vas trop fort).
Est-ce que le aluula ou tout autre gain de poids ça vaut le coup sur une petite aile ? Oui clairement. Pour rester en l'air et rentrer au bord en foil, pour le surf, j'imagine très bien pour le snowkite, et aussi (pas testé) pour pas que ça tape dans les claques (moins d'inertie, donc suit mieux le bord de fenêtre).
Est-ce que je m'en prendrais une si j'avais les sous ? Bah, en fait, les sous, je les ai... Et je me la prends pas, donc ça doit pas être la question... Aller, je contourne la question en la reposant : est-ce que j'en prendrais une si elle coûtait 900-1000 balles en 5-7m² ? Meh, toujours pas de réponse désolé. Disons que le flap / fasseyage lié au shape 3 lattes me permet de me trouver une bonne raison de ne pas craquer, il faut bien s'en faire une.
En tout cas c'est chouette le kite, c'est un des seuls sports de matos que je connaisse, ou tu peux essayer le top matos des champions (bon, pas exactement une aile de champion, Jamie Overbeek étant parti
), en te pointant sur la plage. Je m'imagine mal arriver sur un circuit et demander au concessionnaire d'essayer la meule de Zarco ! Et pour pousser l'analogie avec les 6-8 nds d'aujourd'hui, qu'il me la passe sur du détrempé. Ce que j'avais en tête à la fin du test ? Que j'ai hâte de voir les gong 5 lattes team series en upe+aramid... C'est assez dingue de se dire ça en sortant d'un test d'une aile à 2700 €
). 